
Ils se rendent à la police
Trois Thaïlandais recherchés pour avoir agi en tant que prête-noms de la compagnie chinoise CREC, impliquée dans la construction du bâtiment de la Cour des comptes (SAO), se sont rendus et sont interrogés. L’enquête du Département des enquêtes spéciales (DSI) révèle qu’ils manquent d’expérience en ingénierie et étaient en réalité employés par des entreprises chinoises comme chauffeurs et porteurs.
Le directeur de CREC, Chuang Ling Zhang, accusé de violations des lois sur les entreprises étrangères, a été arrêté, puis traduit devant le tribunal. Sa détention provisoire a été ordonnée malgré une demande de libération sous caution. L’implication d’autres sociétés chinoises impliquées et opérant avec des structures de prête-noms en Thaïlande sera scrutée par le DSI.
L’Organisation de lutte contre la corruption de Thaïlande (ACT), une ONG et non une agence d’état, demande des réponses claires au gouvernement concernant l’effondrement du bâtiment de la SAO. L’ACT déplore l’absence d’allusion à une éventuelle corruption et d’un calendrier pour l’enquête dans la déclaration de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, le 18 avril. L’organisation exige des explications sur la conception du bâtiment, la responsabilité des architectes, la supervision des matériaux, et la possibilité de corruption ayant conduit à l’effondrement. Mana Nimitmongkol, président de l’ACT, souhaite obtenir ces réponses avant le 28 avril afin que le gouvernement regagne la confiance du public. Plus généralement, les citoyens thaïlandais veulent la vérité dans ce drame qui a causé la mort d’une centaine d’ouvriers.
Trois échantillons de barres d’armature provenant du bâtiment effondré ont été jugés non conformes après des tests effectués par l’Institut du fer et de l’acier de Thaïlande. Selon Pongpol Yodmuangcharoen, porte-parole du ministère de l’Industrie, des tests supplémentaires sont en cours pour déterminer si d’autres barres répondent aux normes du Thailand Industrial Standard Institute (TISI). Si des barres sont effectivement de qualité inférieure, leurs fabricants pourraient perdre leur licence et voir leurs usines fermées. Certaines barres d’armature produites par Xin Ke Yuan, une société chinoise opérant en Thaïlande, avaient déjà été identifiées comme inférieures aux normes TISI. Par ailleurs, l’Institut du fer et de l’acier de Thaïlande a réfuté les affirmations selon lesquelles ses équipements d’analyse du bore seraient défectueux.
Xin Ke Yuan Steel a réfuté ces accusations, affirmant que ses produits respectent les normes ISO 9001 et sont certifiés par le Board of Investment (BOI). Lors d’une conférence de presse, Xin Ke Yuan Steel a insisté sur son respect des lois et sa bonne gestion fiscale, ayant versé 856 millions de bahts d’impôts entre 2019 et 2023. Xin Ke Yuan Steel a demandé aux autorités d’agir contre ceux qui diffusent de fausses informations, mais n’a pas répondu aux questions sur ses projets d’investissement en Thaïlande.
La société fait l’objet d’une enquête du DSI après la découverte sur le site de barres d’acier de qualité inférieure portant sa marque SKY. D’autres accusations portent sur l’utilisation de prête-noms thaïlandais, le maintien de ses activités malgré un ordre de fermeture en décembre 2024, et le stockage inadéquat de poussière rouge dangereuse. Le BOI a suspendu temporairement ses privilèges d’investissement.
Le Parti populaire, opposition, a annoncé une enquête parlementaire sur l’effondrement du bâtiment. Trois causes principales sont suspectées : la qualité inférieure du béton, une conception réduisant la sécurité, et des irrégularités dans les modifications de conception, notamment une signature falsifiée. Un chef du parti, Wiroj Lakkhanaadisorn, estime que l’effondrement résulte probablement d’une combinaison de ces facteurs. Des échantillons de matériaux seront envoyés à des laboratoires internationaux pour analyse. Le parti met également en garde contre les pratiques douteuses de certaines entreprises de construction chinoises opérant en Thaïlande, qui pourraient compromettre la sécurité des projets futurs.