
Les braconniers se prenaient en photo, offrant ainsi des preuves à la police
Dans le passé, les « moines voyous » ont souvent fait la une des journaux en raison de leurs affaires de mœurs ou de corruption. Cependant, ces scandales ne sont plus aussi fréquents. Pourtant, cela ne signifie pas que ces moines, qui sont censés incarner l’exemplarité, sont devenus irréprochables. Récemment, plusieurs d’entre eux ont été impliqués dans des activités de braconnage d’animaux sauvages.
Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que ces moines ne sont pas de simples religieux, mais des supérieurs ou abbés qui exercent un pouvoir absolu sur leurs temples et sont vénérés par la population locale.
Le 26 avril, des rangers patrouillant dans le sanctuaire de Phu Khieo, dans la province de Chaiyaphum, au nord du pays, ont découvert neuf braconniers. Ces derniers ont ouvert le feu sur les rangers, mais certains ont été arrêtés sur place, dont un moine et un novice. Ils transportaient des carcasses, dont des cornes de gaur (un grand cervidé menacé d’extinction).
Un mois plus tard, un autre moine supérieur, cette fois de Nakhon Ratchasima, a été inculpé pour possession d’une grande quantité de restes d’animaux sauvages, probablement destinés à être revendus sous forme d’amulettes.
Ces scandales récurrents devraient inciter le clergé à expliquer le rôle central des moines dans la protection des forêts et de la faune, conformément aux enseignements de Bouddha. Après tout, Bouddha lui-même est né, a atteint l’illumination et a quitté cette terre dans la forêt.
Malheureusement, le clergé, isolé et coupé de la société, reste silencieux. Il continue de considérer ces « moines voyous » comme des exceptions, plutôt que de reconnaître le problème plus large. En toute impunité, la situation s’aggrave chaque jour, avec des moines devenant délinquants, tandis que les temples se transforment en marchés de la superstition.
La série Netflix, The Believers, par ailleurs plutôt sympathique pour le clergé et largement en dessous de la vérité, démonte les mécanismes des levées de fonds dans les temples.
Le problème en Thaïlande est que l’on n’atteint pas le titre de Vénérable suprême (sorte de pape national) avant d’être largement nonagénaire, un moment où le titulaire du poste n’a plus l’énergie de ses 20 ans. Son autorité est donc limitée laissant le champ libre aux abbés, seuls maîtres à bord de leur temple, qui sont presque tous de saints hommes. Presque tous.