Erich Parpart de THAI ENQUIRER considère qu’il faudrait donner la priorité à une gouvernance efficace en plaçant les bonnes personnes aux bons postes en Thaïlande. Former un gouvernement avec des sensibilités diverses nécessite des compromis. Cependant, le pays ne peut plus tolérer les incapables.
Pour Eric la situation actuelle est alarmante : l’enseignement est nul, l’endettement est élevé, les prêts non performants augmentent, les agriculteurs sont en difficulté, les usines ferment, la police est une pétaudière, la pollution de l’air étouffe la population, l’économie dépend uniquement des exportations et du tourisme [et non de la productivité ou de l’innovation des Thaïlandais] et la corruption prévaut.
Erich considère que Dans une société démocratique, il est essentiel de nommer des ministres qualifiés. Un policier, frère d’un grand féodal de Buriram, au ministère de l’Éducation, un autre policier, frère d’un putschiste, à l’environnement, ou un mafieux en charge de la lutte contre la mafia, outre que cela s’appelle du népotisme, ne peut pas fonctionner.
On sait très bien qu’un ministre de la santé n’a pas besoin d’être médecin. De plus, les pays démocratiques, la France par exemple, ont eu à souffrir de très médiocres ministres. Mais on peut espérer que le président de la république ne savait pas en la nommant que telle ou telle personnalité serait catastrophique. On l’a vu récemment avec Mme Oudéa-Castéra efficace pour organiser des JO mais nullissime à l’Éducation Nationale d’où elle aura été exfiltrée.
Ce qui choque Eric, c’est qu’en Thaïlande, on sait, au moment de la nomination que tel général fera un ministre ridicule mais on le nomme quand même. Ils ne sont capables que « d’assister à des cérémonies et de prononcer des discours ». Dans ces conditions aucune réforme significative n’est possible. Eric souhaite des ministres compétents et déterminés à résoudre les problèmes urgents de la nation.
On peut même aller plus loin, les bons ministres nommés en septembre 2023 ont été virés : Chonnan Srikaew à la Santé lors du dernier remaniement et Sutin Klangsang à la Défense qui a failli se faire virer au remaniement devrait l’être cette fois-ci. Ainsi, la compétence semble être rédhibitoire.
Lynn Sasinpong toujours de THAI ENQUIRER constate qu’en l’espace de quelques jours, la Cour constitutionnelle a réussi à dissoudre le parti politique le plus populaire et à interdire à son leader de faire de la politique, ainsi qu’à limoger le Premier ministre. La Cour constitutionnelle invoque des « normes éthiques ». Si l’on appliquait le même barème à tout le monde, la plupart des hommes politiques thaïlandais perdraient leur poste. Lynn considère que « Tout cela ne suggère pas seulement des inégalités flagrantes et des doubles standards dans l’application des normes juridiques ; il met en évidence le rôle de la Cour en tant que défense machiavélique de la vieille garde (le régime). »
Ainsi la situation déjà volatile de la Thaïlande se dirige vers un chaos encore plus grand. Lynn brosse un tableau sévère de l’action de Srettha qui aurait échoué selon elle, mais regrette que le peu qu’il a accompli sera détruit. Les étrangers ne voient pas en la Thaïlande un eldorado pour les investissements.
Lynn juge que Paetongtharn sera confrontée à une tâche difficile d’autant que son père, Thaksin Shinawatra, voudra influencer chacune de ses décisions et, sans le vouloir, lui savonnera la planche. Pour Lynn, le seul moyen de s’en sortir, c’est une réforme constitutionnelle et institutionnelle.
Les pouvoirs doivent être clairement délimités car l’interprétation fantaisiste que fait le pouvoir judiciaire de la constitution s’apparente à des coups d’État judiciaires toujours répétés. Le verdict de la Cour constitutionnelle qui a condamné un parti parce qu’il voulait une réforme prouve bien qu’il faut DES réformes. La fonction de Premier ministre, une personne élue, ne devrait pas se trouver à la merci d’institutions non élues (nommées par des putschistes). « Une telle réforme ne peut pas être définitivement exclue de l’agenda national » sous prétexte que par nature toute réforme est interdite. Lynn continue « Si la Thaïlande veut montrer qu’elle est véritablement ouverte aux affaires, il faudra plus que de l’argent liquide. Cela nécessitera de renforcer l’État de droit et de bâtir des institutions responsables ».
Enfin, l’agence nationale de presse, ThaiPBS voit un côté positif dans la décision de démettre Srettha pour manque d’éthique car elle pourrait inciter les politiques à faire plus attention. En effet, nommer ce Phichit, avocat véreux de Thaksin était une bêtise, tout comme nommer encore cette fois-ci Thammanat (trafiquant de drogue) ou Chada (mafieux). Tout le monde le sait et pourtant Srettha sous pression de Thaksin avait nommé Phichit. Si Paetongtarn nomme Thammanat et Chada (heureusement pour eux, ils sont proches de l’armée), elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même (et à son père) si elle est démise.