
Le gouvernement thaïlandais vise une croissance économique de 3 % d’ici 2025, soutenue par des mesures de relance de 4,4 milliards de dollars. L’économie a montré de très modestes signes de reprise avec une croissance de 2,5 % en 2024, très inférieure à celle des pays voisins. Lors d’une récente réunion, la Banque de Thaïlande (BOT) a abaissé son taux d’intérêt à 2,0 %, espérant assouplir les conditions de crédit.
Les débats au sein du Comité de politique monétaire de la BOT reflètent une inquiétude croissante face à des problèmes structurels, notamment une dette des ménages atteignant 89 % du PIB. Si certains secteurs, comme le tourisme et les exportations, montrent des progrès, d’autres, tels que l’automobile et l’immobilier, continuent de reculer, nécessitant des réformes structurelles pour un redressement durable.
La compétitivité en baisse et des politiques budgétaires et monétaires inefficaces minent sa stabilité. La croissance des exportations, principalement due aux réexportations chinoises, masque un déficit commercial croissant avec la Chine. Le tourisme, bien qu’en reprise, voit une baisse des dépenses par visiteur, affectant les revenus attendus.
Les mesures de relance budgétaire et les baisses des taux directeurs n’ont pas réussi à stimuler la consommation et l’expansion des prêts, et encore moins le marché boursier en chute libre. La dette totale thaïlandaise atteint 223 % du PIB, rendant difficile le remboursement même des intérêts. Les entreprises, y compris celles bien notées, peinent à obtenir des financements. Cette convergence de facteurs pourrait entraîner une crise économique majeure en 2025 que l’économiste réputé Chartchai Parasuk compare au naufrage du Titanic.
Les universitaires ne croient pas en la proposition de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra visant à résoudre la dette des ménages en Thaïlande. Ils craignent que cette initiative, qui implique le rachat des dettes des particuliers par le gouvernement, ne résolve pas les problèmes réels et puisse même avoir des effets négatifs. Bien que réalisable, cette mesure pourrait se révéler contre-productive.
Le programme proposé par Thaksin consisterait à racheter les dettes des ménages auprès des banques, permettant ainsi aux individus de rembourser progressivement leurs dettes sans exiger de remboursement intégral immédiat. Cela permettrait de retirer les noms des débiteurs du Bureau national de crédit, leur offrant un nouveau départ. Cependant, les universitaires soulignent que cette initiative pourrait être financée par des investissements privés plutôt que par des fonds publics, ce qui pourrait être une approche plus appropriée, mais qui n’aurait plus du tout le même enjeu politique.
Le professeur Wichai Witayakiattilerd de l’université Thammasat suggère que les sociétés de gestion d’actifs (AMC) achètent des créances douteuses auprès des institutions financières, ce qui pourrait injecter entre 120 et 210 milliards de bahts dans le système et réduire les créances douteuses d’au moins 50 %. Cependant, il met en garde contre les risques. En effet, cela ressemble terriblement aux « subprimes » américains qui ont généré la pire crise économique de ce siècle en 2008.
Nonarit Bisonyabut, de l’Institut de recherche sur le développement (TDRI), critique la proposition, affirmant qu’elle n’offre qu’un soulagement à court terme sans s’attaquer aux problèmes structurels.
La Banque de Thaïlande a également exprimé des réserves, soulignant la nécessité d’une approche collaborative et durable pour résoudre le problème de la dette des ménages.