Le gouvernement thaïlandais change une énième fois de cap et a choisi d’introduire une législation pour contrôler la consommation de cannabis plutôt que de le réinscrire comme stupéfiant. Cette décision reflète un consensus plus large au sein de l’administration, c’est à dire que le Premier ministre Srettha Thavisin a dû revoir sa copie pour ne pas mécontenter le Bumjaithai et son chef Anutin Charnvirakul, ex-ministre de la santé et maintenant à l’intérieur, qui avait fait de la promotion de la ganja un argument de campagne électorale en 2019.
Un projet de loi visant à réglementer la consommation de cannabis est de nouveau sur la table. Les législateurs auront le dernier mot sur le statut de cette plante. La législation proposée abordera à la fois les aspects médicaux et récréatifs.
La décriminalisation de la marijuana a entraîné une augmentation de la consommation récréative et la prolifération des cafés et des détaillants de cannabis. Le gouvernement qui a voulu se lancer dans une répression très ferme souhaite maintenant équilibrer les préoccupations de santé publique avec les avantages économiques du secteur.
L’industrie nationale du cannabis en Thaïlande connaît une croissance rapide et pourrait valoir jusqu’à 2 milliards de dollars d’ici 2025.
Les nouvelles règles devraient entrer en vigueur en 2025. Les entreprises existantes auront un délai pour s’adapter et demander de nouvelles licences. Les réglementations limiteront la possession, l’importation et la vente de cannabis aux personnes titulaires d’une licence du ministère de la Santé publique.
La récente rencontre entre le vice-Premier ministre Anutin et l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra dans le luxueux hôtel du premier à Khao Yai, autour d’un golf, souligne l’équilibre délicat des intérêts politiques dans ce domaine. Anutin et le Bumjaithai, proches du Régime, qui ne pèsent pas grand chose lors des élections générales, ont conquis le Sénat et maintenant viennent de forcer la main au premier ministre. Thaksin, en allant négocier avec Anutin, montre qu’il reste la parrain du paysage politique thaïlandais.
Cela dit, le fait que la Thaïlande cherche à encadrer la consommation de cannabis tout en tirant parti de son potentiel économique n’a rien d’illogique. L’avenir législatif de certaines parties de cette plante reste à définir. Il est peu probable que vendre des fleurs à haute teneur en THC au public devienne vraiment légal.