Le ministre des Affaires étrangères Parnpree Bahiddha-Nukara a présenté dimanche sa démission au Premier ministre Srettha Thavisin car il a été privé de son titre de vice-Premier ministre.
M. Parnpree était vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères avant le remaniement ministériel. Dans la nouvelle composition, il s’est vu confier uniquement le portefeuille des affaires étrangères.
Dans une lettre de démission adressée au Premier ministre, M. Parnpree explique qu’il n’accepte pas d’avoir été démis de ses fonctions de vice-Premier ministre.
M. Parnpree, membre du parti Pheu Thai au pouvoir, a déclaré qu’il pensait que la raison pour laquelle il avait été démis de ses fonctions n’avait rien à voir avec un manque de résultats. Il a souligné ses réalisations depuis son entrée au cabinet l’année dernière.
M. Parnpree s’est dit convaincu d’avoir bien servi dans les domaines des affaires étrangères et de l’économie internationale avec honnêteté et intégrité, d’avoir attiré davantage d’investissements comme souhaité par le gouvernement.
Il a déclaré qu’il était déterminé à assurer la sécurité des Thaïlandais à l’étranger, voyageant pour négocier la libération des Thaïlandais retenus en otages par le Hamas. Il a également évoqué la libération des Thaïlandais détenus à Laukkaing au Myanmar.
Nous rappelions ici que la semaine dernière, il avait enchaîné en 3 jours, une mission à Mae Sot pour superviser les combats en Birmanie et une réunion à Paris avec l’OCDE où la Thaïlande veut entrer. D’ailleurs, il est possible que l’OCDE n’apprécie pas que le ministre des affaires étrangères d’un pays candidat change si souvent.
Les observateurs s’accordent pour reconnaître qu’il a travaillé de manière incessante et efficace pour redorer le blason de la Thaïlande terni par 9 ans de régime Prayut.
M. Parnpree a confirmé sa démission dans une interview aux médias dimanche, affirmant que c’était une question « de principe » et qu’il avait bien rempli sa feuille de route dans ces deux fonctions. Il a déclaré qu’être cantonné au Affaires étrangères pourrait entraver son travail à l’international.
Lorsqu’on lui a demandé s’il continuerait à travailler avec le parti Pheu Thai au pouvoir, M. Parnpree a répondu qu’il déciderait plus tard.
Cette démission est un coup dur pour le premier ministre Srettha Thavisin qui doit trouver quelqu’un de la même qualité tant sa stratégie est basée sur l’ouverture au monde.
Par ailleurs, La nomination de Pichit Chuenban, conseiller du Premier ministre et ancien avocat de Thaksin, comme nouveau ministre du Cabinet du Premier ministre, a également suscité la controverse.
Le porte-parole du Parti démocrate, Rames Rattanachaweng, a déclaré que cette décision était problématique, affirmant que M. Pichit pourrait être considéré comme inapte en vertu de l’article 160 de la Constitution. L’article stipule les normes morales et éthiques d’un ministre.
M. Pichit a été condamné par la Cour suprême à six mois de prison pour outrage au tribunal pour avoir offert une boîte scellée contenant environ 2 millions de bahts en espèces à un haut fonctionnaire de la Cour suprême en 2008 dans une affaire concernant justement Thaksin dont on dit qu’il a demandé ce poste de ministre pour Pichit afin de le « dédommager ».
Quatre ministres ont perdu leur emploi dans ce bouleversement. Il s’agit du ministre de la Santé publique Cholnan Srikaew, du vice-ministre de l’Agriculture et des Coopératives Chaiya Promma, du ministre du Cabinet du Premier ministre Puangpet Chunlaiad et du vice-ministre de l’Agriculture et des Coopératives Anucha Nakasai.
Natacha Boonchaiinsawat, députée du parti Move Forward, a déclaré que le licenciement du ministre de la Santé publique Cholnan était la preuve de la mentalité vieille école de Pheu Thai, dans laquelle un portefeuille ministériel est considéré comme un atout qui doit constamment changer de mains pour satisfaire les alliés politiques.
Le limogeage de Cholnan ne peut pas s’expliquer par un manque de performances puisqu’il s’est montré bien plus efficace que certains de ses collègues. Il est possible qu’il paie l’échec de Pheu Thai aux élections de mai 2023 car il était patron du parti à l’époque. Thaksin a très mal vécu, depuis l’étranger, cet échec.
Il y a échange de poste entre Sermsak Phongpanich, ministre de la Culture, et Sudawan Wangsupakitkosol, ministre du tourisme et des sports. Là aussi, c’est l’incompréhension car le Premier ministre a récemment reconnu, en particulier à l’occasion de Songkran, que Sudawan remplissait parfaitement sa tâche.
Le remaniement concerne les ministres Pheu Thai, souvent performants, ceux des autres partis pourtant plus controversés, comme le policier en poste à l’Éducation (Bumjaithai) gardent leur poste.
De nombreux critiques ont affirmé que Thaksin Shinawatra, en liberté conditionnelle, avait influencé le remaniement ministériel. Cependant, le Premier ministre Srettha assume les décisions.
Le vice-Premier ministre Phumtham Wechayachai a nié vendredi que lui et le Premier ministre Srettha Thavisin ont déjeuné avec Thaksin le 25 avril dans un hôtel de Bangkok. Phumtham insiste sur le fait que le déjeuner était juste entre lui et Srettha et que la décision concernant le remaniement ministériel appartient au Premier ministre
La bonne nouvelle concerne l’accueil favorable fait au nouveau ministre des Finances
L’ancien directeur de l’énergie et ex-patron de la bourse de Bangkok Pichai Chunhavajira devient ministre des Finances, dans l’espoir de relancer une économie en difficulté. M. Pichai succède en cela à M. Srettha qui cumulait les tâches de premier ministre et ministre des finances.
Sanan Angubolkul, président de la Chambre de commerce thaïlandaise, a particulièrement salué la nomination de M. Pichai, affirmant que cette nomination arrivait au bon moment. M. Pichai, 76 ans, participera au décaissement du budget 2024 qui doit commencer le mois prochain.
« M. Pichai a une expérience avérée en finance et en économie et il comprend les besoins du secteur privé, ce qui fait désormais de lui le nouvel espoir pour une amélioration de la situation économique du pays », a déclaré M. Sanan.
M. Pichai est non seulement bien connu dans le secteur des affaires, mais il est également connu pour ses liens étroits avec le camp politique au pouvoir, a indiqué une source.