
Paul Chambers, un universitaire américain expert de la Thaïlande, a été arrêté dans le royaume pour lèse-majesté et en vertu de la loi sur la cybercriminalité de 2007. Son arrestation a suscité une vive inquiétude aux États-Unis, où une commission de la Chambre des représentants prévoit d’examiner l’affaire. Chambers, qui vit en Thaïlande depuis 1993, a été libéré sous caution, mais doit porter un bracelet électronique et se présenter régulièrement à l’immigration. Ses avocats contestent la révocation de son visa.
L’arrestation de Chambers découle de sa participation à un webinaire en octobre 2024, où il a discuté des remaniements militaires en Thaïlande. Le texte promotionnel de l’événement, qu’il nie avoir rédigé, contenait des éléments jugés offensants pour la monarchie. La police a perquisitionné son bureau à l’Université Naresuan et saisi des documents. Chambers et son épouse, également universitaire, nient toute implication dans la création du contenu incriminé.
Le Département d’État américain et des organisations internationales, comme Human Rights Watch et Amnesty International, ont exprimé leur préoccupation face à cette affaire, soulignant les risques pour la liberté d’expression et la liberté académique en Thaïlande. La situation met en lumière les différences entre, d’une part, les lois strictes de lèse-majesté en Thaïlande et, d’autre part, les normes occidentales en matière de liberté d’expression ainsi que les lois sur lèse-majesté dans les autres monarchies du monde, beaucoup moins sévères.
Chambers a été initialement libéré sous caution de 300 000 bahts, mercredi 9 avril, après que son avocat a fait appel de la décision du tribunal provincial de Phitsanulok de lui refuser la libération sous caution. Il a été libéré à condition de porter un dispositif de surveillance électronique et de ne pas voyager à l’étranger sans autorisation du tribunal. Son passeport lui a également été confisqué.
Cependant, son visa ayant été révoqué, il est resté en détention au bureau de l’immigration pendant que ses avocats faisaient appel de cette révocation. Les deux appels sont évidemment distincts. Son avocat a déposé une demande de libération sous caution auprès du Bureau de l’immigration afin qu’il puisse rester en Thaïlande. Le Bureau de l’immigration lui a accordé jeudi 10 avril une libération sous caution provisoire assortie d’une caution supplémentaire de 300 000 bahts. Chambers est tenu de se présenter aux autorités tous les 30 jours.
La commission parlementaire des affaires militaires examinera le cas avec la participation de la Troisième Armée qui a porté plainte contre lui et d’un représentant de l’ambassade des États-Unis.
Chambers, titulaire d’un doctorat en sciences politiques, est reconnu pour son expertise en relations civilo-militaires en Asie. Son arrestation est perçue comme une tentative d’intimider les universitaires et journalistes étrangers en Thaïlande. La révocation de son visa et les conditions strictes de sa libération sous caution compliquent sa situation personnelle et professionnelle dans le pays.
Aucune date de procès n’a encore été fixée et certains observateurs prédisent qu’il sera expulsé afin de mettre fin au pataquès.