
Le tribunal provincial de Phitsanulok a refusé la demande de libération sous caution de Paul Chambers, un éminent universitaire américain accusé de diffamation royale. Chambers, maître de conférences à l’Université Naresuan, s’est présenté à la police accompagné de son épouse, de représentants du consulat américain et d’un avocat. Un mandat d’arrêt avait été émis sans convocation préalable, selon son avocat.
L’équipe juridique de Chambers prévoit de déposer une nouvelle demande de mise en liberté sous caution, en augmentant le montant de la caution. Ils ont souligné que Chambers souffre de problèmes de santé et est prêt à accepter les conditions imposées par le tribunal. La plainte contre lui a été déposée par l’Armée en poste dans cette région, l’accusant de diffamation royale et d’infraction à la Loi sur la cybercriminalité, des accusations souvent utilisées conjointement.
Le crime de lèse-majesté est passible d’une peine de 3 à 15 ans de prison. Chambers est accusé d’avoir publié un article sur un site web en lien avec un webinaire, ce qu’il nie catégoriquement. Il craint d’être emprisonné pendant 15 ans et affirme ne pas comprendre les raisons de son accusation. Chambers est un expert reconnu des relations civilo-militaires et de la démocratie en Asie, vivant en Thaïlande depuis 1993. Il a toujours fait preuve d’une grande prudence dans ses écrits, car il connaît les risques encourus.
Les défenseurs des droits de l’homme voient dans cette affaire une menace pour la liberté académique en Thaïlande. Le département d’État américain a exprimé sa préoccupation et fournit une assistance consulaire à Chambers. Human Rights Watch considère cette affaire comme un exemple de l’étranglement croissant de la liberté d’expression et académique dans le pays. Très peu d’étrangers ont été accusés de lèse-majesté, mais cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la société thaïlandaise.
Le caractère médiatisé de l’affaire Chambers pourrait nuire à l’armée thaïlandaise en attirant une attention internationale indésirable. Les experts craignent que cette affaire ne restreigne davantage la liberté académique et n’entrave l’innovation nécessaire pour stimuler l’économie thaïlandaise.
N’importe qui peut déposer une plainte pour crime de lèse-majesté, et les peines prononcées contre les personnes reconnues coupables peuvent atteindre des décennies. Des centaines de personnes ont été poursuivies ces dernières années.
Le parti progressiste voulait améliorer la loi en empêchant « n’importe qui » de déposer plainte pour crime de lèse-majesté et de confier cette tâche à un bureau ad hoc proche du palais. Il souhaitait aussi des peines comparables à ce qui se fait dans les autres monarchies. Il a été dissous et ses cadres bannis de vie politique pour avoir tenté de modifier la loi.