
Le Premier ministre Srettha Thavisin a fermement rejeté les rumeurs selon lesquelles il envisageait de démissionner. Courageux, contrairement à certains, il ne dissoudra pas la Chambre des représentants avant que la Cour constitutionnelle ne se prononce sur une affaire concernant sa destitution.
« Je n’ai jamais envisagé ni démission, ni dissolution de la Chambre. Je préfère laisser la procédure judiciaire suivre son cours. Fuir n’a jamais été dans mes pensées », a déclaré M. Srettha vendredi.
L’affaire contre M. Srettha a été initiée par un groupe de 40 sénateurs proches des putschistes de 2014 Prawit et Prayut.
La position de M. Srettha sera compromise si le tribunal se prononce contre lui. Toutefois, ses chances semblent s’améliorer depuis sa nomination du juriste Wissanu Krea-ngam, lui même vice premier ministre des putschistes susnommés jusqu’en 2023. Il chargé de vérifier et de caler les détails de sa défense.
Yuttaporn Issarachai, de l’Université de Sukhothai Thammathirat, a souligné l’importance des affaires actuellement devant la Cour constitutionnelle, car leur issue pourrait redéfinir le paysage politique.
Si M. Srettha était destitué, cela entraînerait l’élection d’un nouveau Premier ministre, potentiellement formant une nouvelle alliance. De même, la possible dissolution du parti le plus populaire du pays, le Move Forward Party, pourrait également influencer la formation de nouvelles coalitions politiques.
L’ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra , bien qu’il soit accusé de crime de lèse-majesté , prépare un grand retour à 74 ans S’engageant auprès de personnalités politiques influentes et de grandes familles, l’ancien Premier ministre joue sur le long terme avec une nouvelle stratégie basée sur le clientélisme et la féodalité qu’il pense toujours pertinentes en 2024.
Thaksin ne se focalisera pas sur les 100 sièges de députés distribués à la proportionnelle mais se concentrera plutôt sur les 400 sièges de députés de circonscription, une tactique offrant de plus grandes opportunités de « séduire » les électeurs. Reprenant son vieux manuel du Thai Rak Thai Party, il rassemble des « familles ou clans » de diverses régions sous la bannière Pheu Thai.
Les analystes politiques prédisent que malgré une possible dissolution la popularité du Move Forward (MFP), ou des « Guerriers Orange », persistera grâce aux valeurs que seul le MF incarne. Impossible à battre sur le terrain des idées, Thaksin veut s’attaquer au MF sur son implantation locale. Sa stratégie est claire : consolider très tôt le soutien des grands féodaux pour éviter qu’ils ne rejoignent le MF.
Thaksin fait le tour des popotes. A Nakhon Ratchasima, il négocie avec Suwat Liptapanlop du parti Chart Pattana. A Pathum Thani, Thaksin où le MFP a remporté six sièges sur sept, Thaksin mise sur Chan Puangpet. A Nonthaburi, où le MFP a remporté les huit sièges 2023, Thaksin cherche à séduire le maire Somnuk Thanadechakul. Ensuite, Thaksin prévoit de visiter Nakhon Pathom, pour « négocier » avec l’influente famille Sasomsap.
Reste à savoir quel poids ces familles de grands féodaux ont encore dans les provinces. Elles n’ont que deux ressorts pour que le peuple les suive, une autorité naturelle qui n’est plus de mise dans les années 20 et le renvoi d’ascenseur ou clientélisme, une stratégie qui frise parfois avec la légalité.
La meilleure solution pour le régime et pour Thaksin, c’est que Move Forward soit dans l’incapacité de se présenter devant les électeurs tant ses idées plaisent aux Thaïlandais.
A ce sujet, Le président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain a exprimé son inquiétude quant à la possibilité de dissolution du parti Move Forward (MFP) et a exhorté le gouvernement thaïlandais à maintenir son engagement envers les valeurs démocratiques.
« J’exhorte les autorités thaïlandaises à garantir un traitement équitable au MFP et à respecter la volonté des nombreux Thaïlandais qui ont voté en faveur des candidats du MFP. » a-t-il déclaré.
Auparavant, les Parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme (APHR), avaient déjà déclaré : « Si le MFP est interdit, comme le Future Forward Party en 2019, les votes des millions de personnes seront niés et des troubles déstabilisant la Thaïlande sont envisageables ».