La Conférence sur le commerce et le développement des Nations Unies (CNUCED) a publié les chiffres concernant l’investissement direct étranger (IDE) dans le monde. L’ASEAN reste sur une trajectoire positive, avec une hausse de 1,2 % de ses IDE à 226,3 milliards de dollars américains. Le chiffre de la Thaïlande peut être qualifié de catastrophique lorsqu’on observe le graphique qui montre 1- une chute libre des IDE dans le royaume et 2- la modestie des IDE comparativement aux pays voisins.
La CNUCED a déclaré que les IDE mondiaux en 2023 ont légèrement diminué, de 2 %, pour atteindre 1 300 milliards de dollars. L’environnement mondial pour l’investissement international reste difficile en 2024. Les tensions commerciales et géopolitiques et la diversification des chaînes d’approvisionnement poussent certaines entreprises multinationales (MNC) à adopter une approche prudente en matière d’expansion à l’étranger. Cependant, les niveaux de bénéfices des multinationales restent élevés et les conditions de financement s’assouplissent
Dans l’ASEAN, Singapour est resté la plus grande destination des IDE, avec une hausse de 13 % pour atteindre près de 160 milliards USD et le Vietnam a gagné 3,4 % à 18,5 milliards USD. La Thaïlande a connu la baisse la plus forte (59 %) par rapport à 2022. En 2023, les IDE se sont élevés à seulement 4,5 milliards de dollars, soit seulement 500 millions de dollars de plus que ceux reçus par le Cambodge et bien en dessous de ceux enregistrés par l’Indonésie, le Vietnam, la Malaisie et les Philippines.
En 2023, la situation politique du pays est restée dans l’incertitude pendant des mois après les élections générales de mai qui ont conduit à un parlement sans majorité claire. Un imbroglio s’en est suivi en raison de la faculté de nuisance du Sénat nommée par la junte. Le parti Pheu Thai a formé un gouvernement le 22 août, mais le budget de l’exercice 2024, qui devait être mis en œuvre le 1er octobre 2023, n’a été adopté au parlement qu’en février 2024. Tout ceci a entraîné la suspension des investissements étrangers.
Le Board of Investments (BoI) thaïlandais a annoncé que le nombre d’entreprises ayant déposé une demande de privilèges auprès du BoI s’élevait à 1 412 au cours du 1er semestre 2024, soit une augmentation de 64 % par rapport à la même période de 2023. Au cours de ces 6 mois, la valeur combinée des demandes s’est élevée à 458,4 milliards de bahts en hausse de 35 %. Bien sûr cela ne signifie pas que tous ces investissements verront le jour.
Les secteurs en forte croissance sont
- Électronique et appareils électriques (139,7 milliards de Baht)
- Automobiles et pièces automobiles (39,9 milliards de Baht)
- Agriculture et transformation alimentaire (33,1 milliards de Baht)
- Industries pétrochimiques et chimiques (25,3 milliards de Baht)
- Secteur numérique (25,1 milliards de Baht).
Par ailleurs, y a eu un total de 889 projets d’IDE, soit une augmentation de 83% par rapport à la même période de l’année précédente. La valeur des demandes d’IDE a augmenté de 16 % pour atteindre 325,7 milliards de bahts. Le premier ministre Srettha Thavisin a multiplié les voyages à l’étranger dans ce but.
La BoI a déclaré que Singapour investissait le plus, avec une valeur combinée de 91 milliards de bahts, suivi par la Chine, 72,9 milliards de bahts ; Hong Kong, 39,6 milliards de bahts ; Japon, 30 milliards de bahts ; et Taïwan, 29,5 milliards de bahts.
En termes de localisation, la région orientale continue d’attirer le plus grand nombre de demandes, avec 211,6 milliards de bahts, suivie par la région centrale, 179 milliards de bahts ; la région nord, 33 milliards de bahts ; la région sud, 15,7 milliards de bahts ; la région du nord-est, 14 milliards de bahts ; et la région occidentale, 4,7 milliards de bahts.
Le secrétaire général du BOI, Narit Therdsteerasukdi, a déclaré qu’au 1er semestre 2024, la Thaïlande avait connu une croissance continue en termes de nombre de projets et de valeur d’investissement. Le second semestre sera important pour la Thaïlande et le BOI devra faire preuve d’initiative.
Les États-Unis représentaient 32 % du total des flux entrants vers l’ASEAN en 2023, soit plus du double de la période 2010 – 2022, ce qui en dit beaucoup sur les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.
À l’instar des États-Unis, mais à une échelle beaucoup plus réduite, les flux entrants en provenance d’Europe ont considérablement augmenté en particulier de Suisse et d’Allemagne. En revanche, les flux en provenance de Chine et de Hong Kong n’ont spécialement augmenté.
Suan Teck Kin (UOB Singapour) a déclaré que les flux d’IDE vers l’ASEAN pourraient être durables dans les principaux marchés de l’ASEAN (Indonésie, Malaisie et Thaïlande) si les facteurs suivants sont réunis :
- Une plus grande coordination des politiques transfrontalières.
- Prévalence de l’esprit ASEAN et approfondissement de l’intégration des économies régionales.
- Stabilité politique intérieure – Les transitions de pouvoir après les récentes élections en Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande se sont déroulées sans heurts. Si le régime thaïlandais ne met pas le feu aux poudres en dissolvant le parti arrivé en tête aux élections, cette stabilité perdurera.
- La possibilité pour la population jeune de voir ses revenus augmenter.