Selon le Grand Journaliste Pravit Rojanaphruk. « On peut considérer que le parti du Peuple n’a pas pour vocation première de gouverner, mais plutôt d’éduquer le public sur les problèmes de la Thaïlande … Ils cherchent à changer le système, point final. »
En effet, évoquer la loi sur lèse majesté le jour même de la création du parti ne peut mener qu’à sa dissolution. A force de coups de boutoirs tels que « victoire aux élections » d’un côté et « dissolution systématique du véhicule de la volonté des électeurs » de l’autre, les réformistes veulent prouver que le régime actuel n’est plus pertinent.
Le Parti du peuple souhaite de présenter une motion au Parlement pour amender la loi organique de la constitution sur les partis politiques afin d’empêcher une dissolution arbitraire d’un parti par un tribunal.
Le député du PP Parit Wacharasindhu a confirmé le 10 août que les députés du PP envisagent de solliciter le soutien d’autres partis en faveur d’une motion visant à modifier cette loi -dont use et abuse le régime- pour la rendre moins arbitraire et plus acceptable pour le parti accusé et pour la population.
Parit pense que de nombreux députés d’autres partis, notamment Pheu Thai qui (sous d’autres noms) été dissous moult fois, adhéreraient à cette idée. La motion proposée pourrait même remplacer, en tant que symbole contre l’arbitraire, la modification de la loi sur lèse majesté. Une majorité de députés et de sénateurs, soit 347, pourrait effectivement transformer ce simple souhait en loi.
De l’autre côté de l’échiquier, Le leader royaliste du Thai Pakdee Party a demandé une enquête sur le statut du People’s Party auquel viennent d’adhérer les députés du Move Forward Party (MFP), dissous, se demandant si le parti dispose de suffisamment de branches locales pour être qualifié en tant que parti politique légal.
Le chef du Parti Thai Pakdee, le Dr Warong Dechgitvigrom, a déclaré dimanche qu’il demanderait à la Commission électorale (CE) d’enquêter pour savoir si le Parti populaire devrait être dissous pour avoir trop peu de branches locales. On sait que la CE est prompte à s’entendre avec la Cour Constitutionnelle pour dissoudre tout parti qui ne convient pas au régime.
Warong a déclaré que le PP est la version rebaptisée de l’ancien parti Thinkakhaochaovilai, mais il doute que cette entité dispose d’assez de branches locales pour conserver son statut de parti politique.
Warong rappelle qu’un parti est automatiquement disqualifié s’il n’a pas d’au moins une branche par région depuis un an. Il dit avoir lu sur le site Internet de la CE que le parti Thinkakhaochaovilai, fondé en 2012, avait 3 branches : deux dans le Nord et une dans le Centre donc ni dans le Sud ni dans le Nord-Est.
« Si le parti Thinkakhaochaovilai n’a pas assez de sections, il pourrait perdre son statut. Cela signifie que le Parti populaire ne peut pas l’utiliser comme coquille », a-t-il déclaré. Son parti royaliste déposera une plainte sur cette question auprès de la CE.
Lundi soir, on apprenait que Le secrétaire général de la CE, Sawang Boonmee, affirmait que le parti Thinkakhaochaovilai – Parti du peuple, avait tenu une réunion pour ouvrir des succursales dans toutes les régions et l’en avait informé. L’affaire devrait donc s’arrêter là. En revanche, les positions du PP sur l’article 112 (lèse majesté) ne laisseront pas le régime indifférent.
Enfin l’argument de certains royalistes radicalisés qui affirment que le PP est un outil des Américains pour détruire la monarchie thaïlandaise n’est que pure paranoïa (peut-être aiguisée par la Chine), selon le observateurs. Cela n’empêche pas une poignée de ces « chemises jaunes » de manifester devant l’Ambassade des États Unis de temps à autre, la dernière fois le 10 août.