
Alors que, dans un certain pays, le gouvernement tombe tous les trois mois et ne parvient pas à faire voter son budget, la stabilité semble revenue momentanément en Thaïlande.
Le cabinet thaïlandais a approuvé un budget de 3.780 milliards de bahts pour l’exercice 2026, ainsi que des prêts à taux réduit pour aider les petites entreprises, ont annoncé mardi des responsables.
Le budget proposé aura un déficit de 860 milliards de bahts et vise à stimuler l’économie, a déclaré aux journalistes le vice-ministre des Finances, Julapun Amornvivat.
Le mois dernier, le gouvernement a annoncé qu’il prévoyait une augmentation des dépenses de 0,7 % et une baisse du déficit de 1 % pour l’exercice 2026, qui commence le 1er octobre 2025.
M. Julapun a déclaré que la Banque de Thaïlande devait chercher des mesures pour pousser l’inflation à 2 %. L’inflation n’était en moyenne que de 0,4 % en 2024. La faible inflation tout au long de l’année 2024 a conduit le gouvernement à faire pression sur la Banque de Thaïlande pour qu’elle réduise les taux d’intérêt afin de stimuler davantage l’activité économique. La banque centrale a finalement abaissé son taux directeur à 2,25 % en octobre, mais l’a laissé inchangé lors de sa réunion en décembre.
La banque centrale doit également veiller à ce que le baht – qui s’échange actuellement autour de 34,50 pour un dollar américain – reste compétitif, a déclaré M. Julapun.
Par ailleurs, le vice-ministre des Finances Paopoom Rojanasakul a déclaré que le cabinet avait approuvé des prêts bonifiés d’une valeur de 20 milliards de bahts pour soutenir les petites et moyennes entreprises n’ayant pas accès au crédit.
Pourtant, un récent sondage de l’Institut national d’administration du développement (NIDA) révèle que plus de la moitié des personnes interrogées pensent que l’économie thaïlandaise restera en mauvaise posture en 2025, avec des incertitudes politiques persistantes. Cependant, elles estiment que le gouvernement de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra survivra toute l’année.
Concernant la politique, 50,61% des sondés pensent que la situation restera instable, tandis que 39,92% prévoient qu’elle deviendra plus chaotique (total des pessimistes 90 %).
En ce qui concerne la durée de vie du gouvernement, 51,22% des personnes interrogées estiment qu’il durera toute l’année. Cependant, 21,60% s’attendent à un remaniement, 15,34% pensent que le Parlement sera dissous, et 15,04% prévoient des divisions au sein de la coalition pouvant entraîner sa chute. D’autres pensent que la Première ministre pourrait démissionner (5,88%), être contrainte de quitter ses fonctions à la suite de manifestations (5,73%), qu’il pourrait y avoir un coup d’État (3,05%), ou qu’Anutin Charnvirakul pourrait remplacer Paetongtarn au poste de Premier ministre (1,76%).
Sur le plan économique, 34,43% des sondés estiment que la situation restera aussi mauvaise que l’année dernière, 33,20% pensent qu’elle se détériorera (total des pessimistes 67 %), tandis que 22 % sont optimistes.
L’année 2024 a été difficile pour Pheu Thai sur le plan juridique, notamment avec la décision de la Cour constitutionnelle concernant Srettha Thavisin. En fin d’année, le Conseil d’État a également indiqué que la nomination de Kittiratt Na Ranong au poste de président de la Banque de Thaïlande ne devrait pas avoir lieu en raison de son récent rôle de conseiller politique.
Cette décision marque un revers dans la querelle entre le gouvernement et la Banque de Thaïlande, et illustre la lutte continue de Pheu Thai contre les tribunaux et le régime. La politique de manne de 10 000 bahts de Pheu Thai a déjà été édulcorée en raison d’une opposition interne. La capacité du gouvernement à remporter de nouvelles victoires politiques sera cruciale pour les prochaines élections.
Pheu Thai fait également face à de possibles manifestations, comme celles qui ont éclaté contre les précédents gouvernements affiliés à Thaksin. Des dirigeants prorégime et anti-Thaksin, tels que Sondhi Limthongkul, ont menacé d’organiser des manifestations contre les négociations entre le gouvernement et le Cambodge. Cependant, il est peu probable que ces protestations prennent de l’ampleur, car les conservateurs thaïlandais ont encore besoin de compromis avec le Pheu Thai pour éviter l’arrivée au pouvoir des réformateurs. Sur le plan électoral, les ultraconservateurs ne représentent que 15 % de la population.
D’ailleurs certains experts de la politique thaïlandaise considèrent que le Ruam Thai Sang Chart, parti créé pour le putschiste Prayut Chan-o-cha dont des membres sont au gouvernement, pourrait exploser comme l’a fait l’autre parti pro-armée Palang Pracharath (du putschiste Prawit). Certains députés resteraient du côté de Pheu Thai tandis que d’autres siègeraient avec l’opposition ultra-conservatrice.