La pression monte pour certifier les résultats du scrutin sénatorial. La Commission électorale est invitée à laisser les nouveaux sénateurs prendre leurs fonctions pendant qu’elle poursuit ses enquêtes
Les experts politiques et les vainqueurs des élections sénatoriales ont appelé la Commission électorale (CE) à aller de l’avant afin d’empêcher le Sénat nommé par la junte de rester en place, lors d’un forum organisé samedi par l’Association des journalistes thaïlandais. La CE détiendra toujours le pouvoir de disqualifier tout candidat impliqué dans une fraude électorale une fois ses enquêtes terminées.
« Ce système d’élections sénatoriales est le plus compliqué jamais créé », a déclaré le professeur Prinya Thaewanarumitkul, de l’université Thammasat. Il rappelle que de nombreux sénateurs corrompus ou incompétents ont été élus parce que le système électoral était ridicule. Ainsi on remarque une disproportion de sénateurs élus dans certaines provinces, a-t-il déclaré. Buri Ram, compte 14 élus, soit le nombre le plus élevé, tandis que certaines autres provinces n’ont pas un seul représentant.
« Attendez de voir si la CE osera annoncer les résultats certifiés. Sinon, sa décision pourrait être considérée comme une tentative visant à aider le Sénat de la junte à rester en place », a-t-il déclaré.
Cependant, Prinya demande à la population de ne pas supposer que tous les sénateurs élus sont malhonnêtes. Cela pourrait conduire à l’annulation des résultats et à la tenue d’un nouveau scrutin, a-t-il déclaré. Si la CE attend les résultats des enquêtes cela pourrait prendre six mois, a-t-il ajouté. Il souhaite également que la constitution soit réécrite pour inclure une nouvelle méthode d’élection des sénateurs.
Nantana Nantavaropas, sénatrice élue a déclaré « Le Sénat sortant ferait mieux de s’abstenir de jouer un rôle majeur pendant que le pays attend un nouveau Sénat ».
Les candidats soutenus par le parti Bhumjaithai dominent désormais le Sénat nouvellement élu en raison de vices liés au scrutin, affirment certains critiques.
Alors que les rédacteurs de la Constitution de 2017 ont conçu le système électoral pour garantir que le Sénat soit libre de toute influence politique, le résultat leur a prouvé le contraire, a déclaré Somchai Srisutthiyakorn, ancien de la commission électorale. Ce système a, en fait, permis l’ingérence dans les élections de certains partis qui ont embauché des personnes juste pour voter.
Chaiyong Maneerungsakul, un autre candidat élu au Sénat a estimé que seuls 20 environ des 200 sénateurs élus pourraient être impliqués dans une fraude électorale.
Pour troubler davantage le pays, lundi soir, les sénateurs sortants nommés par la junte, dont le mandat a expiré, ont voté par 101 voix contre 10, avec 17 abstentions, pour créer une commission chargée d’étudier le processus des élections sénatoriales. Ils considèrent que la procédure, qui permet uniquement aux candidats de voter les uns pour les autres, ont conduit à la collusion et à la manipulation de la part de partis politiques et de « familles influentes », ce qui est évident et avait été prévu.
On notera que la constitution a été rédigée, indirectement, par la junte et que ces élections ubuesques ont été pensées pour permettre les malversations. Les sénateurs sortants eux-mêmes illégitimes puisque nommés par des putschistes peuvent difficilement se dire choqués par un système dont ils ont bénéficié.
Au cours du débat, Somchai Swangkarn a déclaré que le Sénat actuel devait toujours veiller à « l’éthique des institutions », comme le bureau du procureur général et la Cour administrative suprême. Il a également déclaré que la Commission électorale ne peut pas approuver les sénateurs d’abord puis en disqualifier certains ensuite. Ce qui signifie que le « Sénat de Prayut » pourrait rester en place longtemps.
Le sénateur Poldej Pinprateep a demandé l’annulation des dernières élections sénatoriales car de nombreux nouveaux sénateurs n’ont pas les qualifications nécessaires pour occuper leur siège.
Le sénateur Kittisak Rattanawaraha a demandé aux nouveaux sénateurs qui ont critiqué le sénat sortant de se taire. Il a également averti qu’un nouveau coup d’État pourrait avoir lieu si les nouveaux sénateurs étaient corrompus. L’armée thaïlandaise se prévaut de la corruption supposée des civils pour fomenter des coups d’état mais une fois au pouvoir, les généraux ne sont pas des parangons de vertu.