
La junte de Prayut
La Chambre adopte un projet de loi qui relancera la participation des citoyens au processus décisionnel dans les provinces agitées du Grand Sud.
Un projet de loi visant à abolir une ordonnance des putschistes (époque du régime Prayut) restreignant la participation du public à l’administration des provinces frontalières du sud a été adopté mercredi par la Chambre des représentants.
L’ordonnance n° 14/2016 du NCPO a été publiée en avril 2016 par le Conseil national pour la paix et l’ordre (NCPO, soit la junte) après le coup d’État de 2014 dirigé par le putschiste Prayut Chan-o-cha. L’ordonnance a partiellement invalidé le Southern Border Administration Act dont le but était d’apaiser les tensions dans le Grand Sud. D’ailleurs, la brutalité de cette ordonnance a entretenu l’animosité des rebelles contre l’administration centrale.
L’ordonnance a empêché le conseil consultatif sur l’administration et le développement du Grand sud, composé de représentants des citoyens de l’extrême sud, où les troubles couvent depuis plus de 20 ans.
L’ordonnance a également permis au Commandement des opérations de sécurité intérieure d’exercer une influence négative sur le Centre administratif des provinces frontalières du sud (SBPAC), une agence gérée par des civils.
Le projet de loi, présenté cette semaine qui doit relancer le conseil consultatif, a passé sa première lecture à la Chambre au début de cette année. Un comité de la Chambre présidé par le député Pheu Thai Chaturon Chaisang a été créé pour l’examiner.
Le conseil consultatif du Grand Sud, supposé apaiser les tensions, devra être mis en place dans les 120 jours suivant l’entrée en vigueur du projet de loi. Après un débat approfondi, la Chambre a voté mercredi par 406 voix contre 0 pour adopter le projet de loi, qui sera soumis au Sénat pour examen.
S’adressant à la Chambre, M. Chaturon a déclaré que le conseil consultatif était un mécanisme clé dans la résolution du conflit car il favorise une participation plus large du public au processus de recherche de la paix dans la région.
Certains historiens considèrent que l’attitude intransigeante, autoritaire et discriminatoire du pouvoir bangkokien vis-à-vis des populations du Sud est en partie responsable des troubles en refusant une autonomie que le particularisme régional rend nécessaire.
Évidemment, rien ne dit que la paix reviendra avec l’application de cette nouvelle loi.